Une si longue absence... 

Au XVIIe siècle, l'histoire du lieu nous enseigne que les chanoines réguliers de la Congrégation de France présents à l'abbaye et placés sous l'abbatiat de Louis II de la Roche-foucauld, accompagnent les offices religieux par "un jeu d'orgue d'exception".

Au XVIIIe siècle, et plus exactement lors de l'inventaire du mobilier de l'église en 1791, il est fait état de cet orgue qui à l'époque est en très mauvais état et qui disparaîtra totalement en 1799. L'église abbatiale restera ainsi sans orgue pendant plus de deux siècles... 



Renaissance 

En 2005 un habitant de Celles, Pierre Archaimbault se désole de l'absence d'un orgue dans un édifice si prestigieux. Il fonde en 2008 "l'association des amis de l'orgue européen de Celles-sur-Belle", qui se donne comme but de faire construire puis de faire vivre un grand-orgue dans l'église abbatiale.

Le conseiller technique du projet, Jean-Michel Dieuaide, esti-me à au moins 800 000 € le coût d'un grand-orgue entière-ment neuf adapté au vaste vaisseau de l'église. Rapidement, face à un tel coût, l'association s'oriente vers une solutions assez répandue : la construction d'un orgue neuf avec réutilisation de matériaux (essentiellement tuyaux) venus d'orgues inutilisés mais de bonne facture.

Un important legs ayant permis à l'association de pouvoir commencer le financement de l'instrument, vint alors la quête de tels instruments. Un orgue du facteur Roethinger construit en 1957 fut d'abord déniché chez les bénédictines du monastère de  St Louis du temple à Limon, au Sud de Paris. 

Jean-Michel Dieuaide dit de cet instrument : «Cet orgue néo-classique français, nettoyé et restauré, devrait garder sa structure sonore générale de deux plans classiques avec un grand Récit expressif doté des caracté-ristiques de l'orgue symphonique tout en l'élargissant aux couleurs sonores non françaises ».

Daté de la fin des années 50, il a suivi une "tendance" fréquente à l'époque : ce sont les tuyaux qui dessinent l'orgue. Il n'y a pas de buffet. 


Choix du facteur d'orgues

C'est le facteur Olivier Chevron, implanté à St Civran, dans l'Indre, qui fût ensuite choisi pour la réalisation de l'instrument.

A partir des deux instruments récupérés et des conseils de Jean-Michel Dieuaide, Maurice Rousseau dans un premier temps puis Olivier Chevron lui-même dessinèrent le "buffet" (toute la structure, y compris sa partie visible) de l'orgue et la répartition des différents plans sonores. Puis, comme le veut l'usage, Olivier Chevron construisit de 2014 à juin 2016 l'instrument dans son atelier de l'Indre. Achevé, l'instrument est démonté, puis transporté à Celles-sur-Belle le 5 juillet 2016, avec le soutien des Transports Roy.

L'hiver 2016-2017 a été consacré à la délicate construction de la tribune supportant l'orgue. D'une part le monument est classé Monuments Historiques, d'autre il n'était pas facile de construire une tribune sans pieds (colonnes). La tribune, qui doit supporter environ treize tonnes, est à la fois très solidement ancré dans les immenses murs de la tour-donjon, et soutenu par deux équerres, un peu comme une planche à un mur pour accueillir des livres.

Puis l'instrument a été progressivement remonté. Il reste maintenant un très long travail de finalisation de l'instrument, en particulier "l'harmonisation", qui a pour but de faire parler chacun des 3 100 tuyaux en fonction de l'esthétique recherchée.Le sous-onglet "Composition" détaille le projet esthétique et la composition de l'orgue.

Le grand orgue sera béni le dimanche 22 avril à 16h par l'archevêque de Poitiers, et inauguré le samedi 5 mai 2018 à 20h30 par Olivier Houette, organiste titulaire de l'orgue historique de la cathédrale de Poitiers.



L'apport des artisans locaux 

En accord avec les services concernés de l'Etat, l'association a rapidement envisagé d'enrichir le buffet de l'orgue (en chêne clair) par des éléments de fer forgé, afin que l'orgue soit aussi "l'affaire" d'artisans locaux.

Un motif en fer forgé a été imaginé par Max Quiard. C'est ce motif qui, repris dans différents assemblages, allait circuler dans les différentes parties en fer forgé, de la tribune au sommet de l'orgue.

Pour réaliser ce travail, la municipalité de Celles-sur-Belle a mis à la disposition de l'association un bâtiment intitulé "L'aumônerie", à quelques mètres de l'abbaye. Transformé en atelier grâce à de généreux donateurs, il est devenu "L'atelier de l'aumônerie" avec une authentique forge.